Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/176

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question que je t’adressais : Le consul français et le médecin sont-ils partis ?

Un événement assez heureux pour moi s’est passé depuis ma dernière lettre. M. Jacques, qui se porte comme candidat à l’assemblée nationale dans le département de Seine-et-Oise, et qui, pour soutenir cette candidature, a été obligé de quitter Paris, m’a choisi pour son suppléant dans sa chaire de philosophie au Lycée Descartes (Collège Louis-le-Grand), et je remplis cette fonction depuis quinze jours. S’il est élu (ce qui malheureusement me semble peu probable), je pourrai obtenir une nomination officielle pour cet emploi et par conséquent le traitement fixe. Il me l’a lui-même assuré, bien que cela ne dépende pas uniquement de lui. Quant à la difficulté dont tu m’as souvent parlé et dont je suis tombé d’accord, celle d’accepter quoi que ce soit sous l’administration actuelle, elle n’existerait pas, tu le comprends, pour une fonction où j’aurais été porté par le titulaire, et où je n’aurais besoin que de l’agrément du ministre, lequel dans ce cas suit presque toujours celui du proviseur. En tout cas, j’aurai toutes les suppléances éventuelles, et M. Jacques, qui s’occupe beaucoup des affaires, ne se fera pas faute de m’en laisser. Cela m’exerce pour la prochaine agrégation. Mes élèves, dont quelques-uns sont fort intelligents, paraissent très contents, et moi, de mon côté, je suis bien aise de voir levée une appréhension que j’avais toujours eue et qui m’inspirait de l’aversion pour