Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/240

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

positifs, ne voyant rien au delà du réel, n’estimant que la richesse, ne comptant pour rien les idées. Voilà ce qui m’irrite ; voilà ce que je voudrais voir disparaître à tout jamais.

3 août. — Mademoiselle Ulliac a voulu te répondre immédiatement. Je me décide aussi à faire partir mon journal, sans attendre la nouvelle officielle de l’Institut. Je ne sais quand aura lieu la séance. C’est ordinairement dans les premiers jours d’août. Je t’écrirai quelques mots à l’ouverture du concours, où je l’informerai de tout. On vient de m’apprendre le président de la commission. C’est M. Ozaneaux[1], le même que l’an dernier, un homme nul, sans la moindre idée, mais bienveillant, dit-on, et assez tolérant. Du reste son titre de président ne lui donne que peu d’influence dans le bureau. Au contraire, quand c’était M. Cousin, il jugeait seul. Adieu, chère et excellente amie, songe souvent à ton frère bien-aimé, et ne désespère jamais de la France. Quoi les que soient du reste les épreuves auxquelles nous pouvons être réservés, que notre protection mutuelle, notre entente dans les choses supérieures, notre confiance sans réserve nous rendent l’épreuve plus douce à supporter.

Adieu, fille bien-aimée,
E. RENAN.
  1. Georges Ozaneaux (1795-1852), professeur et auteur d'ouvrages divers.