Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/244

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ou six semaines. Enfin pour comble de malheur, ma santé, toujours si bonne, m’a fait défaut la semaine dernière, et c’est à peine si le travail de cette semaine pour laquelle j’avais réservé une foule de travaux spéciaux, peut équivaloir à celui d’une bonne journée. Il faut dire néanmoins que cette préparation de la veille ne sert guère pour ces épreuves, et que l’essentiel est la maturité d’esprit, l’habitude d’écrire et de professer, qui ne peuvent pas s’improviser.

L’Académie a enfin rendu son jugement définitif. Il est tel que je devais l’attendre. Le rapport de la commission est très favorable ; on me l’a dit du moins, car je ne l’ai pas entendu. Le jour de la séance publique n’est pas encore indiqué. J’en suis bien fâché ; car je suis ainsi presque dans l’impossibilité de faire valoir ce titre pour l’agrégation. J’envoie à chacun des juges du concours un petit dossier de ce que j’ai imprimé de meilleur, avec le rapport du prix Volney, et j’y joins un mot où je parle du prix de l’Académie des Inscriptions. Mais une pièce officielle eût fait meilleur effet.

Adieu, excellente et bien-aimée sœur, écris-moi bientôt ; ma prochaine lettre t’informera du résultat du concours. Compte toujours sur ma sincère et tendre amitié. C’est ta pensée, bonne Henriette, qui m’anime au milieu de tous ces travaux. Puissé-je contribuer à ramener la joie dans ta pauvre âme attristée !

Adieu, sœur bien-aimée,
E. RENAN.