Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/251

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Que pense de ceci M. Soulice ? N’y aura-t-il aucune place vacante à Paris ? je pense que s’il y en avait, toute incertitude serait finie. — que pense aussi M. Burnouf de cette question ? — Il doit, lui, t’engager à rester à Paris, et ceci est à mes yeux un grand argument. — Oui, je conçois que s’il faut en province se concentrer tout entier dans l’enseignement, ce serait à refuser ; jamais, mon ami, je n’aurai l’odieux courage de t’imposer le sacrifice de tes études de choix, de ta vie de goût… Ainsi, mon Ernest, si les départements te répugnent, s’il t’en coûte de quitter Paris, restes-y, mon bien-aimé : nous ne vivons qu’un temps, qu’un temps fort court, pourquoi nous torturer quand cela n’est pas nécessaire ?… Avant tout, je te demande de faire ce qui te sourit le plus ; en pareille matière, le goût personnel est très fort à consulter. J’ai, tu le sais, une foi entière dans ta raison ; je serai bien convaincue. Que tu auras choisi le meilleur parti, quel que soit celui qui t’arrête. Je crains qu’il ne soit difficile d’obtenir quelque chose à Paris, lorsqu’une fois l’on a été envoyé dans les départements ; et je ne voudrais pas entrevoir la province pour toujours. Rennes et Strasbourg seraient, après Paris, des villes propres à tenter ; ce sont de grands centres d’instruction ; elles possèdent l’une et l’autre des Facultés ; — et pourtant je m’arrête quand il s’agit de t’y envoyer, tant j’ai peur de nuire à ton avenir en t’éloignant de Paris… — Écris-moi en détail, mon ami, le résultat de tes recherches et