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MADEMOISELLE RENAN
chez M. le comte André Zamoyski, Nouveau-Monde, Varsovie, Pologne.


Paris, 22 octobre 1848.

Enfin, excellente amie, je puis m'entretenir avec toi en toute liberté d’esprit et te parler d'autre chose que des terribles inquiétudes où j’ai passé les dernières semaines, par suite de ta maladie. Que je te remercie de venir au-devant de mes craintes par tes lettres fréquentes ! je ne puis croire d’ailleurs que tu sois assez cruelle envers moi pour me jouer de fausses espérances, et me présenter ton état comme plus satisfaisant qu’il n’est en effet. Je vais cette fois te raconter avec détail tous les faits dont je ne t’ai présenté la dernière fois que les résultats. Dirai-je même que, pour ne pas l’affecter dans ton état maladif, je t’avais caché plusieurs circonstances qui m’ont fait bien souffrir ? Cette fois au moins je vais être complet, et te dire les phases diverses par lesquelles a passé notre affaire pour arriver au point ou elle en était quand je t’écrivis et où elle est encore. Ainsi que je te l’ai déjà dit, chère Henriette, aussitôt que le résultat du concours eut été connu, je consultai sur les démarches à faire toutes les personnes dont le conseil pouvait m’être utile. Le premier résultat fut de connaître l’impossibilité absolue d’obtenir cette année une chaire à Paris,