Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/326

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que je donnais en ville, suffisait à mes besoins pour un emploi temporaire et médiocrement avantageux. Tout cela m’a beaucoup fait réfléchir, et peu s’en est fallu que cette fois encore je n’aie refusé. Voici ce qui m’en a empêché. Je craignais d’abord d’indisposer au ministère par ces refus éternels ; M. Soulice m’a parlé dans ce sens, et m’a assuré qu’on me tiendrait compte de ma condescendance en cette circonstance, où il y avait visiblement un sacrifice de ma part. Ensuite c’est un premier pas dans un lycée d’un ordre élevé, ensuite il se peut que le congé se prolonge au delà des limites susdites ; enfin l’élection de M. Bersot, bien que très peu probable, n’est pas complètement impossible. M. Bersot se présente dans le département de la Gironde, où il est né et où il a professé : il avait eu vingt-trois mille voix aux premières élections. Ce n’est nullement une raison, je le sais, pour qu’il les ait cette fois-ci. Entre le parti blanc qui forme la grande majorité de ce département et le parti rouge qui y forme une minorité très compacte et très exaltée, nous ne lui voyons guère de place ; enfin il s’est vu de plus grands miracles. Que si cela arrivait, j’aurais des espérances bien fondées sur la chaire auquel il serait tenu de renoncer. Or pour mon plan scientifique, Versailles, qui, grâce aux chemins de fer, n’est qu’un faubourg de Paris, équivaut presque à Paris, et est d’ailleurs un acheminement immédiat pour obtenir une place dans cette dernière ville.