Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/353

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moi, pour lui annoncer que ta famillo exige impérieusement de toi un retour immédiat ? Enfin, ma bonne amie, les jours sont ici la chose capitale. Songes-y. Est-ce joie, est-ce inquiétude que je ressens, chère amie ? Je ne sais. Quand nous serons réunis, il me semble que je bénirai toute cause qui aura fait tomber les barrières élevées par ta volonté. À bientôt, chère Honriette.

Notre frère est très bien. Tes inquiétudes pour nous ne sont pas fondées, chère amie. Il n’y a pas eu un seul cas de choléra à Versailles, et à Paris le fiéau a presque cessé. Sois donc bien rassurée. Ah ! plût au ciel que nous eussions à ton égard la même assurance ! Nous ne l’aurons, bonne amie, que quand nous serons définitivement, réunis. Un seul mot résume maintenant toute ma pensée : au plus vite, au plus vite. Ton frère bien-aimé,

E. RENAN.


MADEMOISELLE RENAN
chez M. le comte André Zamoyski, Nouveau-Monde, Varsovie, Pologne.


Paris, 21 juillet 1849.

Je tenais pour si formelle ta promesse de retour, chère amie, que m’attendant de jour en jour à recevoir l’ordre du départ, j’avais déjà transporté mon domicile de Versailles à Paris. Mon séjour