Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/362

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Oui, mon excellente sœur, j’ai bien besoin de toi, et pour la douceur de ma vie intérieure mille fois plus encore que pour ma vie extérieure. Je lis et relis ces pages bénies, ou se trouve enfin la promesse définitive de ce que depuis si longtemps nous réclamions de toi. Ce point une fois bien arrêté, je t’accorderai volontiers, chère amie, qu’il ne faudrait pas tenir à quelques mois plus tôt ou tard, si la circonstance de l’hiver qui approche et de l’impossibilité où nous serons de nous réunir durant ce temps, n’était un motif urgent de presser ton départ. Ce à quoi j’ai tenu par-dessus tout, c’est que tu ne passasses pas l’hiver prochain sous ce climat rigoureux ; car il n’est que trop évident que le froid et l’humidité sont la cause principale, unique même, du mal dont tu souffres. Ne serait-ce pas bien mal calculer que de rester, le départ étant résolu, pendant les mois défavorables, pour quitter au moment où le séjour aurait de moins graves inconvénients ? Dis-moi bien franchement si tu crois qu’un voyage au mois de janvier ou de février serait impossible par le midi (Vienne, etc.). Si cela était, je serais tout à fait d’avis, chère amie, que nous arrêtassions nos projets pour les mois d’octobre ou novembre. Mais il faut que je te parle d’une importante proposition qui vient de m’être faite, et qui se complique directement avec la question que nous traitons en ce moment. Je t’annonce du nouveau, et vais, pour ne pas t’étonner trop, reprendre la chose dès l’origine.