Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/363

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M. Baremberg eut il y a quelques semaines l'excellente idée qu’il serait utile de profiter du séjour des Français à Rome pour explorer les bibliothèques manuscrites de cette ville, lesquelles étaient presque inaccessibles sous l’ancien régime, et dont les Tedeschi, appuyés par l’Autriche, avaient le monopole exclusif. Tous les voyageurs savants attestent qu’il n’y a pas de ville en Europe où la communication fût plus difficile, sans parler des bibliothèques particulières de la Propagande et des couvents, où elle était presque impossible. De là l’idée de demander au ministère une mission spéciale pour cet objet. Le docteur me communiqua cette idée, à laquelle je donnai mon plein assentiment, et m’engagea vivement à faire la même demande conjointement avec lui. J’aurais pris dans mon département les langues orientales, si peu cultivées à Rome, où il y a pourtant de si précieux matériaux pour cette étude. Tu comprends, chère amie, toutes les difficultés qui s’élevèrent dans mon esprit : notre position vis-à-vis de M. de Falloux, notre désapprobation de cette expédition, le peu d’espérance de réussir, etc. Je m’arrêtai à un moyen terme, et sans faire aucune démarche, je laissai mon ami sonder les possibilités, en l’autorisant à associer mon nom au sien, pour voir quel effet cela ferait. Cet effet fut très satisfaisant. Il faut te dire que tout ceci se négociait non pas avec M. de Falloux, mais avec M. Génin, chef au ministère, pour les travaux scientifiques, les missions, etc. M. Génin est de