Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/371

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

c’est l’abominable camaraderie qui préside au ministère de l’Instruction Publique à toutes les nominations scientifiques, celles qui devraient être les plus sacrées. La science n’est plus rien : un jeune homme de mes amis, d’un mérite scientifique éminent, sollicitait la nomination officielle à une place à la Bibliothèque Nationale qu’il occupait depuis un an à titre provisoire. Il n’avait pas de concurrent. Quel est son étonnement quand il se voit évincé par un inconnu, précepteur des enfants de M. Passy pour les études élémentaires, et ayant a peine fait des études classiques ! M. Passy avait trouvé tout simple de se dispenser de lui faire une pension en le recommandant à son collègue de l’Instruction Publique pour une bibliothèque. Voilé ce qui se fait tous les jours. M. Letronne a été remplacé aux Archives par un individu qui n’a pas imprimé une ligne et ne serait pas capable de déchiffrer une charte. Adieu, bien-aimée ; adieu ; je t’écrirai bientôt, et j’espère, le résultat. Tout à toi,

E. R.


MADEMOISELLE RENAN
chez M. le comte André Zamoyski, Nouveau-Monde, Varsovie, Pologne.


Saint-Malo, 5 septembre 1849.

J’ai reçu, il y a quelques jours, chère amie, une lettre de mademoiselle Ulliac, laquelle m’a appris