Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/377

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ne s’agissait plus que de quelques formalités officielles, et que nous devions considérer la chose comme terminée. Les cinq cents francs nous seront accordés dans leur intégrité, et payés d’avance par quartiers. MM. Le Clerc et Guigniaut m’ont vivement félicité, et m’ont fait envisager ce voyage comme devant exercer la meilleure influence sur mon avenir. Il n’en a pas été tout à fait ainsi de M. Cousin. Bien que son opposition ait été fort amicale, il eût souhaité que j’eusse pris de l’emploi en province, et m’avait déjà désigné pour le lycée de Bourges. Il a été jusqu’à me promettre de me faire obtenir par la suite une mission analogue de l’Académie des Sciences morales et politiques. Ç’a été une vraie bataille entre lui et M. Le Clerc. Mais ce dernier a tenu ferme et réponse expresse a été faite par l’Académie au ministère qu’il ne fallait pas compter sur moi pour cette année. Ne crois pas que ceci tienne à aucune malveillance de la part de M. Cousin ni qu’il m’en garde rancune. Tout au contraire ; il aime assez à se donner ainsi un air de pédant universitaire et de vieux bonhomme dur à cuire, et trouve bon qu’on l’agace sur ce point. Nous nous sommes quittés meilleurs amis que jamais, et je suis sûr qu’au fond il eût été fâché que j’eusse cédé à ses gronderies.

Les instructions de l’Académie sont fort détaillées. Les commissions et les indications que nous recevons de divers côtés suffiraient déjà à elles seules pour remplir un laborieux voyage. Nous