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Sébastien, près du tombeau de Cecilia Metella, de ce côté de la campagne de Rome que j’aimais tant à contempler. — Adieu, très précieux ami ! Tant que ta sœur te restera, pense que tu es l’objet d’une tendresse qu’aucune autre ne surpasse.

Adressé-je bien cette lettre ?
H. R.


MADEMOISELLE RENAN
chez M. le comte André Zamoyski ; au château de Clemensow, près Zamosc, (Pologne).


Rome, 16 décembre 1849.

Que nos correspondances deviennent lentes et incertaines, chère amie ! je n’ai rien reçu de toi depuis la lettre qui m’est parvenue par l’entremise de mademoiselle Ulliac. Je me décide d’autant plus volontiers à devancer la réception de ta réponse que je viens d’apprendre par notre frère qu’une grande peine t’a été réservée ces jours derniers. Hélas ! je ne prévoyais que trop ce coup douloureux, et je ne pouvais entrevoir sans une profonde tristesse le jour où tu aurais à pleurer une amie. Que te dirai-je, ma bien-aimée ? je sais trop bien ce que c’est que l’amitié, et je connais trop combien madame Gauguin méritait d’être aimée pour ne pas comprendre tes vifs regrets. La plus douloureuse impression qu’on éprouve en avançant dans la vie est sans doute