Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/438

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les Maremmes ou par Sienne. Mais je suis bien décidé à retourner à Rome. Je ne puis rester à Florence jusqu’à ce que je reçoive ta réponse. C’est donc à Rome que j’apprendrai de toi si tu veux que je fasse le voyage du nord. Je suis décidé à ne pas le faire seul. Si tu ne le veux pas, je resterai à Rome, tant que mon argent durera et que les chaleurs ne m’en chasseront pas. Rome est maintenant une ville de France, l’hôtel de la Minerve est une maison à part, très simple, sans embarras et sans luxe, mais d’une sûreté parfaite, une vraie maison de confiance. Je suis acclimaté à cette vie-là comme à celle de la rue d’Enfer. J’y travaillerai beaucoup et j’apprendrai Rome à fond. Je la sais déjà assez bien ; nous avons été vraiment favorisés sous ce rapport, et il n’est pas de partie de cette ville admirable que nous n’ayons visitée avec les personnes les plus compétentes. Je veux vivre encore de sa vie, et la voir au printemps : c’est en automne qu’elle m’est apparue d’abord dans sa ravissante beauté. L'hiver, quoi qu’on dise, est un temps détestable pour voir l’Italie.

Florence m’a beaucoup plu. Cette originalité de la vie municipale en Italie aux xive et xve siècles m’a vivement frappé. Quelles pages d’histoire que ce palais Vieux, ce dôme, ce baptistère, cet adorable Campanile ! Te rappelles-tu Santa-Maria Novella ? Je suis tenté de l’appeler comme Michel-Ange, mia sposa. C’est mon petit coin de préférence ; j’y vais tous les jours  ; cette chapelle où