Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/459

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chances défavorables à ta santé. Je ne sais quoi m’assure que la chose est conclue ; car ta raison est trop droite pour ne pas saisir une considération si péremptoire, et ce que tu m’as dit souvent du caractère du comte me donne la certitude qu’il ne t’opposera aucune difficulté. Si ton mal continuait obstinément, chère amie, il ne faudrait même pas attendre l’automne, et si le voyage de Vienne ne le semblait pas trop fatigant, il faudrait nous réunir de ce côté. Nous en avons parfaitement le temps : cette lettre te parviendra vers l’époque où je quitterai Rome. Adresse-moi la réponse poste restante à Venise : comme j’ai à m’arrêter à Ravenne deux ou trois jours, à Bologne cinq ou six jours et à Padoue à peu près autant, je pourrai trouver ta réponse à mon arrivée à Venise, et dès lors être fixé sur nos résolutions. De Venise à Varsovie, il sera d’ailleurs plus facile d’échanger nos lettres. Je t’y attendrai tant que tu voudras, je partirai pour Vienne au besoin. Enfin, ma chère aimée, use de moi, commande-moi ce qui te plaira, et songe que mon plus grand bonheur serait d’être au plus, tôt réuni à toi.

Mes finances sont dans un état satisfaisant ; en quittant Rome, j’aurai encore quinze cents francs, parfaitement intacts devant moi, sans compter des avances considérables pour achat de livres pour la bibliothèque de l’Institut ou pour commissions particulières, avances qui bien entendu me rentreront à Paris, — sans compter aussi la