Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/46

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pour l’Académie des Sciences Morales et Politiques. Une simple mention dans un tel concours serait d’un grand poids pour ton placement futur dans l’Université. Mon bon Ernest, tu es ma joie, mon orgueil, ma plus chère pensée ! Si tu savais avec quelle vénération je prononce le nom de tous ces hommes distingués qui sont bons pour toi, qui t’aident et t’encouragent dans ces premiers pas toujours si épineux ! — Dans ce moment, je regrette de n’être qu’une ignorante, de ne pouvoir comprendre le premier travail que tu publies. — Pauvre cher ami ! que Dieu place dans ta vie beaucoup d’affections comme celles que je te porte ! mais cela serait-il possible ? — D’après tes nouveaux arrangements, je crois avec toi, mon Ernest, qu’il vaut mieux rester dans cette pension que d’en essayer encore une autre. Tous ces changements sont bien désagréables et n’amènent en réalité aucun changement réel. Dès que tu pourras avoir un emploi dans l’Université, ce sera tout autre chose. Il n’est pas un jour où je ne me sente plus heureuse de l'accord qu’il y a entre ta pensée et la mienne, relativement à ta carrière et à tous les moyens de la former. Cela me prouve, mon bon ami, que nous ne nous trompons ni l’un ni l’autre. Maman aussi m’exprime une joie réelle de ce qui vient de se passer. Hier encore, j’ai reçu d’elle une lettre où se trouvent ces mots, à la suite d’une page consacrée aux détails de ton examen : « Ërnest me croit beaucoup plus affligée que je