Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/483

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moins inquiétantes, avec l’assurance tant désirée et enfin définitive que la saison tempérée ne se passerait pas sans que tu nous eusses accordé ton retour. Notre frère, au commencement de sa lettre, semblait même disposé à partir pour te rejoindre à Berlin, résolution qui m’a glacé de terreur, par la gravité qu’elle supposait à ton mal. Il m’apprenait en post-scriptum que le médecin te dissuadait d’un voyage immédiat. — Une lettre de Daremberg du 20 avril m’apprend qu’il a reçu par l’intermédiaire de mademoiselle Ulliac deux lettres de toi à mon adresse, qu’il me les a expédiées poste restante à Venise, craignant qu’elles ne pussent m’atteindre à Bologne, mais qu’il tenait à m’instruire immédiatement de ce qu’il tenait de mademoiselle Ulliac. Suivaient des nouvelles trop conformes aux premières que me donnait notre frère, et qui m’ont causé, chère sœur, les mêmes angoisses. — Une lettre du 23 de Daremberg m’apprend qu’il a reçu une troisième lettre, qu’il m’a également expédiée à Venise. Il ajoutait, comme le post-scriptum de notre frère, qu’il croyait pouvoir me donner, d’après les indications de mademoiselle Ulliac, des nouvelles plus rassurantes.

J’ai trouvé poste restante une lettre de maman qui était bien inquiète à ton sujet. Alain lui cachait les mauvaises nouvelles de ta santé.

Juge de mes angoisses, ma chère amie, en recevant de telles nouvelles, dont l’expression indirecte, et dont l’atténuation mal déguisée ajoutent