Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/486

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contiennent pas un ordre précis relativement au voyage qui devait devrait nous réunir, écris-moi immédiatement les volontés à cet égard. J’attendrai immanquablement la réponse à Venise. Plaise à Dieu qu’elle soit celle que je désire !


10 heures du soir.

Que je regrette, ma bien-aimée, de ne pas t’avoir écrit de Ravenne, comme j’en avais eu l’inclination  ! Je t’aurais parlé le cœur tranquille et la tête calme du ravissant voyage que je viens de faire. Maintenant je n’en ai plus le courage. Toutes ces nouvelles m’ont bouleversé. Qu’il me suffise de te dire que cette portion la plus difficile et la seule périlleuse de mon voyage s’est accomplie de la manière la plus heureuse.

Un contre-temps me força de prolonger mon séjour à Rome de deux ou trois jours, et me fit manquer l’occasion qui s’offrait à moi pour la Romagne. Je n’y perdis rien. Quelques jours après, je trouvai une société composée à souhait partant pour Florence par Pérouse : c’étaient des élèves de l’École française, et un professeur des Beaux-Arts à l’Université de Genève, homme des plus distingués. Je pris ma place parmi eux jusqu’à Pérouse, et je ne sais si dans tout mon voyage j’ai passé des jours plus agréables que ceux durant lesquels nous avons cheminé ensemble doucement et lentement, selon le vieux