Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/506

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courage. Je te répète que le médecin est content de l'état de ma gorge ; il attribue les douleurs et l’embarras presque continuel que je ressens, au gonflement démesuré de petites glandes qui se trouvent sur le fond de la langue, glandes que l’on ne voit point a l’état normal et qui ont pris chez moi la dimension de gros boutons, par suite de l’irritation excessive de la gorge et de l’arrière-bouche. Ces boutons touchent souvent à la glotte et développent, suivant mon docteur, la gêne douloureuse que j’éprouve encore et dont il ne parait pas s’inquiéter. Le larynx est ce qui le préoccupe particulièrement et, comme je ne tousse plus, comme j’avale sans tousser fortement, il espère qu’il n’y a eu que peu de mal à cet organe si délicat. Il me disait il y a deux heures : « Ne vous inquiétez pas si vous conservez longtemps la douleur que vous ressentez ; il ne pourrait guère en être autrement ; mais les pustules du pharynx diminuent, c’est le résultat que nous devions surtout désirer. » Sois donc à peu près tranquille, mon Ernest, je te le demande en grâce. — Les cautérisations sont toujours suspendues ; on m’insuffle maintenant dans la gorge du bismuth pulvérisé, dans l’espoir que ce calmant adoucira l’extrême irritation de la partie malade. A ce mal si long et si cruel se joint chez moi une affection nerveuse, poussée depuis plusieurs mois à un très haut point. Ceci n’est pas dangereux, mais malheureusement décuple toutes les souffrances. — Comme dans