Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/58

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sont encore pires que lui, et qu’un bon travail peut échouer, s’il s’en présenta de meilleurs. Mais j’ai au moins la conscience que ce travail sera honorable et témoignera des études assidues. Or c’est beaucoup, chère amie, que je sois connu des hommes spéciaux pour avoir fait dans cette partie des études avancées. Les manuscrits déposés au concours, restent à la bibliothèque de l’Institut, avec toute liberté de les reprendre momentanément pour l’impression. C’est donc comme un titre déposé en bon lieu, et auquel on peut en appeler au besoin. Enfin, bonne amie, supposé que je n’en retire aucun avantage, le temps que cela m’aura pris aura été bien court, puisque j’y aurai à peine consacré trois mois entiers. Et l’exercice intellectuel et moral que cela m’aura coûté me restera toujours.

Merci, mille fois merci, chère Henriette, de la proposition pécuniaire que tu me faisais dans ta dernière lettre. De longtemps encore, j’espère, bonne amie, je ne serai obligé d’y avoir recours. Il reste chez les Mallet une somme assez considérable, et il m’est dû cent-vingt-cinq francs encore pour répétitions. Je cherche à retirer ceux-ci peu à peu, car j’imagine ce que ce serait, si je venais à quitter la maison, mais j’ai toutes les peines du monde. Je crois pourtant qu’ils ne seront pas perdus. Pourquoi donc, bonne amie, m’as-tu envoyé ces cent francs qui me sont tombés du ciel, sans que je susse ni d’où ni pour quelle cause ? J’imaginais d’abord que ta prochaine