Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/107

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prétation les documents qui nous sont parvenus, je les prie d’observer qu’en un tel sujet cela n’est pas loisible. Les quatre principaux documents sont en flagrante contradiction les uns avec les autres ; Josèphe, d’ailleurs, les rectifie quelquefois. Il faut choisir. Prétendre qu’un événement ne peut pas s’être passé de deux manières à la fois, ni d’une façon absurde, n’est pas imposer à l’histoire une philosophie a priori. De ce qu’on possède plusieurs versions différentes d’un même fait, de ce que la crédulité a mêlé à toutes ces versions des circonstances fabuleuses, l’historien ne doit pas conclure que le fait soit faux ; mais il doit, en pareil cas, se tenir en garde, discuter les textes et procéder par induction. Il est surtout une classe de récits à propos desquels ce principe trouve une application nécessaire, ce sont les récits surnaturels. Chercher à expliquer ces récits ou les réduire à des légendes, ce n’est pas mutiler les faits au nom de la théorie ; c’est partir de l’observation même des faits. Aucun des miracles dont les vieilles histoires sont remplies ne s’est passé dans des conditions scientifiques. Une observation qui n’a pas été une seule fois démentie nous apprend qu’il n’arrive de miracles que dans les temps et les pays où l’on y croit, devant des personnes disposées à y croire. Aucun miracle ne s’est