Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/127

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reliques, ses souvenirs, le « livre » enfin[1], journal toujours ouvert de la tribu, mais où l’on écrivait très-discrètement. La famille chargée de tenir les leviers et de veiller sur ces archives portatives, étant près du livre et en disposant, prit bien vite de l’importance. De là cependant ne vint pas l’institution qui décida de l’avenir. Le prêtre hébreu ne diffère pas beaucoup des autres prêtres de l’antiquité ; le caractère qui distingue essentiellement Israël entre les peuples théocratiques, c’est que le sacerdoce y a toujours été subordonné à l’inspiration individuelle. Outre ses prêtres, chaque tribu nomade avait son nabi ou prophète, sorte d’oracle vivant que l’on consultait pour les questions obscures dont la solution supposait un haut degré de clairvoyance. Les nabis d’Israël, organisés en groupes ou écoles, eurent une grande supériorité. Défenseurs de l’ancien esprit démocratique, ennemis des riches, opposés à toute organisation politique et à ce qui eût engagé Israël dans les voies des autres nations, ils furent les vrais instruments de la primauté religieuse du peuple juif. De bonne heure, ils avouèrent des espérances illimitées, et, quand le peuple, en partie victime de leurs conseils impolitiques, eut été écrasé par la puis-

  1. I Sam., x, 25.