Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/181

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n’étaient pas toujours respectés[1], s’insurger contre les écussons votifs dressés par les procurateurs, et dont les inscriptions paraissaient entachées d’idolâtrie[2], étaient de perpétuelles tentations pour des fanatiques parvenus à ce degré d’exaltation qui ôte tout soin de la vie. Juda, fils de Sariphée, Matthias, fils de Margaloth, deux docteurs de la Loi fort célèbres, formèrent ainsi un parti d’agression hardie contre l’ordre établi, qui se continua après leur supplice[3]. Les Samaritains étaient agités de mouvements du même genre[4]. Il semble que la Loi n’eût jamais compté plus de sectateurs passionnés qu’au moment où vivait déjà celui qui, de la pleine autorité de son génie et de sa grande âme, allait l’abroger. Les « zélotes » (kanaïm) ou « sicaires », assassins pieux, qui s’imposaient pour tâche de tuer quiconque manquait devant eux à la Loi, commençaient à paraître[5]. Des représentants d’un tout autre esprit, des thaumaturges, considérés comme des espèces de

  1. Jos., Ant., XV, x, 4 ; B. J., I, xxxiii, 2 et suiv. Comp. livre d’Hénoch, xcvii, 13-14.
  2. Philon, Leg. ad Caïum, § 38.
  3. Jos., Ant., XVII, vi, 2 et suiv. ; B. J., I, xxxiii, 3 et suiv.
  4. Jos., Ant., XVIII, iv, 1 et suiv.
  5. Mischna, Sanhédrin, ix, 6 ; Jean, xvi, 2 ; Jos., B. J., livre IV et suiv. ; VII, viii et suiv.