Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/184

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chef d’une secte galiléenne, préoccupée de messianisme, et qui aboutit à un mouvement politique. Le procurateur Coponius écrasa la sédition du Gaulonite ; mais l’école subsista et conserva ses chefs. Sous la conduite de Menahem, fils du fondateur, et d’un certain Eléazar, son parent, on la retrouve fort active dans les dernières luttes des Juifs contre les Romains[1]. Jésus vit peut-être ce Juda, qui eut une manière de concevoir la révolution juive si différente de la sienne ; il connut en tout cas son école, et ce fut probablement par réaction contre son erreur qu’il prononça l’axiome sur le denier de César. Le sage Jésus, éloigné de toute sédition, profita de la faute de son devancier, et rêva un autre royaume et une autre délivrance.

La Galilée était de la sorte une vaste fournaise, où s’agitaient en ébullition les éléments les plus divers[2]. Un mépris extraordinaire de la vie, ou, pour mieux dire, une sorte d’appétit de la mort fut la conséquence de ces agitations[3]. L’expérience ne compte

  1. Jos., Ant., XX, v, 2 ; B. J., II, xxii, 8 et suiv. ; VII, viii et suiv.
  2. Luc, xiii, 1. Le mouvement galiléen de Juda, fils d’Ézéchias, ne paraît pas avoir eu un caractère religieux ; peut-être, cependant, ce caractère a-t-il été dissimulé par Josèphe (Ant., XVII, x, 5).
  3. Jos., Ant., XVI, vi, 2, 3 ; XVIII, i, 1.