Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/232

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nie de prédications analogues à celles de Jean. Le Jourdain se couvrit ainsi de tous les côtés de baptistes, dont les discours avaient plus ou moins de succès. L’élève égala bientôt le maître, et son baptême fut fort recherché. Il y eut à ce sujet quelque jalousie entre les disciples[1] ; les sectateurs de Jean vinrent se plaindre à lui des succès croissants du jeune Galiléen, dont le baptême allait bientôt, selon eux, supplanter le sien. Mais les deux chefs restèrent supérieurs à ces petitesses. Selon une tradition[2], c’est dans l’école de Jean que Jésus aurait formé le groupe de ses disciples les plus célèbres. La supériorité de Jean était trop incontestée pour que Jésus, encore peu connu, songeât à la combattre. Il voulait seulement grandir à son ombre, et se croyait obligé, pour gagner la foule, d’employer les moyens extérieurs qui avaient valu à Jean de si étonnants succès. Quand il recommença à prêcher après l’arrestation de Jean, les premiers mots qu’on lui met à la bouche ne sont que la répétition d’une des phrases familières au baptiste[3]. Plusieurs autres expressions

    être une glose ajoutée, ou peut-être un scrupule tardif du rédacteur se corrigeant lui-même.

  1. Jean, iii, 26 ; iv, 1.
  2. Jean, i, 35 et suiv., appuyé par Act., i, 21-22.
  3. Matth., iii, 2 ; iv, 17.