Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/242

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d’abord méconnaissable. Il sera comme le grain de sénevé, qui est la plus petite des semences, mais qui, jeté en terre, se change en un arbre sous le feuillage duquel les oiseaux viennent se reposer[1] ; ou bien il sera comme le levain qui, déposé dans la pâte, la fait fermenter tout entière[2]. Une série de paraboles, souvent obscures, étaient destinées à exprimer les surprises de cet avénement soudain, ses apparentes injustices, son caractère inévitable et définitif[3].

Qui établira ce règne de Dieu ? Rappelons-nous que la première pensée de Jésus, pensée tellement profonde chez lui, qu’elle n’eut probablement pas d’origine et tenait aux racines mêmes de son être, fut qu’il était le fils de Dieu, l’intime de son Père, l’exécuteur de ses volontés. La réponse de Jésus à une telle question ne pouvait donc être douteuse. La persuasion qu’il ferait régner Dieu s’empara de son esprit d’une manière absolue. Il s’envisagea comme l’universel réformateur. Le ciel, la terre, la nature dans son ensemble, la folie, la maladie et la mort ne sont que des instruments pour lui. Dans son accès de vo-

  1. Matth., xiii, 31 et suiv. ; Marc, iv, 31 et suiv. ; Luc, xiii, 19 et suiv.
  2. Matth., xiii, 33 ; Luc, xiii, 21.
  3. Matth., xiii entier ; xviii, 23 et suiv. ; xx, 1 et suiv. ; Luc, xiii, 18 et suiv.