Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/25

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Évangile ait raison, dans sa discordance avec les synoptiques sur le jour de la mort de Jésus. À l’endroit de la Cène, au contraire, je persiste dans mon opinion. Le récit synoptique qui rapporte l’institution eucharistique à la dernière soirée de Jésus me paraît renfermer une invraisemblance équivalant à un quasi-miracle. C’est là, selon moi, une version convenue et qui reposait sur un certain mirage de souvenirs.

L’examen critique des synoptiques n’a pas été modifié pour le fond. On l’a complété et précisé sur quelques points, notamment en ce qui concerne Luc. Sur Lysanias, une étude de l’inscription de Zénodore à Baalbek, que j’ai faite pour la Mission de Phénicie, m’a mené à croire que l’évangéliste pouvait n’avoir pas aussi gravement tort que d’habiles critiques le pensent. Sur Quirinius, au contraire, le dernier mémoire de M. Mommsen a tranché la question contre le troisième Évangile. Marc me semble de plus en plus le type primitif de la narration synoptique et le texte le plus autorisé.

Le paragraphe relatif aux Apocryphes a été développé. Les textes importants publiés par M. Ceriani ont été mis à profit. J’ai beaucoup hésité sur le livre d’Hénoch. Je repousse l’opinion de Weisse, de Volkmar, de Graetz, qui croient le livre entier postérieur à Jésus. Quant à la partie la plus importante du livre, celle qui s’étend du chapitre xxxvii au chapitre lxxi, je n’ose me décider entre les arguments de Hilgenfeld, Colani, qui regardent cette partie comme postérieure à Jésus, et l’opinion de Hoffmann, Dillmann, Kœstlin, Ewald, Lücke, Weizsæcker, qui la tiennent pour antérieure. Combien il serait à désirer que l’on trouvât le texte grec de cet écrit capital ! Je ne sais pourquoi je m’obstine à croire que cette espérance n’est pas vaine. J’ai,