Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/256

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sémitiques, surtout dans les dialectes araméens, un simple synonyme d’homme. Mais ce passage capital de Daniel frappa les esprits ; le mot de fils de l’homme devint, au moins dans certaines écoles[1], un des titres du Messie envisagé comme juge du monde et comme roi de l’ère nouvelle qui allait s’ouvrir[2]. L’application que s’en faisait Jésus à lui-même était donc la proclamation de sa messianité et l’affirmation de la prochaine catastrophe où il devait figurer en juge, revêtu des pleins pouvoirs que lui avait délégués l’Ancien des jours[3].

  1. Dans Jean, xii, 34, les Juifs ne paraissent pas au courant du sens de ce mot.
  2. Matth., x, 23 ; xiii, 41 ; xvi, 27-28 ; xix, 28 ; xxiv, 27, 30, 37, 39, 44 ; xxv, 31 ; xxvi, 64 ; Marc, xiii, 26 ; xiv, 62 ; Luc, xii, 40 ; xvii, 24, 26, 30 ; xxi, 27, 36 ; xxii, 69 ; Actes, vii, 55. Mais le passage le plus significatif est : Jean, v, 27, rapproché d’Apoc., i, 13 ; xiv, 14. Comparez Hénoch, xlvi, 1-4 ; xlviii, 2, 3 ; lxii, 5, 7, 9, 14 ; lxix, 26, 27, 29 ; lxx, 1 (division de Dillmann) ; IVe livre d’Esdras, xiii, 2 et suiv. ; 12 et suiv. ; 25, 32 (versions éthiopienne, arabe et syriaque, édit. Ewald, Volkmar et Ceriani) ; Ascension d’Isaïe, texte latin de Venise, 1522 (col. 702 de l’édit. de Migne) ; Justin, Dial. cum. Tryph., 49, 76. L’expression « Fils de la femme » pour le Messie se trouve une fois dans le livre d’Hénoch, lxii, 5. Il faut remarquer que toute la partie du livre d’Hénoch comprenant les chapitres xxxvii-lxxi est suspecte d’interpolation. Le IVe livre d’Esdras a été écrit sous Nerva par un juif subissant l’influence des idées chrétiennes.
  3. Jean, v, 22, 27.