Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/268

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de fleurs et de fruits[1] ; — dans ce pays, dis-je, on calcule maintenant un jour d’avance l’endroit où l’on trouvera le lendemain un peu d’ombre pour son repas. Le lac est devenu désert. Une seule barque, dans le plus misérable état, sillonne aujourd’hui ces flots jadis si riches de vie et de joie. Mais les eaux sont toujours légères et transparentes[2]. La grève, composée de rochers ou de galets, est bien celle d’une petite mer, non celle d’un étang, comme les bords du lac Huleh. Elle est nette, propre, sans vase, toujours battue au même endroit par le léger mouvement des flots. De petits promontoires, couverts de lauriers-roses, de tamaris et de câpriers épineux, s’y dessinent ; à deux endroits surtout, à la sortie du Jourdain, près de Tarichée, et au bord de la plaine de Génésareth, il y a d’enivrants parterres, où les vagues viennent s’éteindre en des massifs de gazon et de fleurs. Le ruisseau d’Aïn-Tabiga fait un petit estuaire, plein de jolis coquillages. Des nuées d’oiseaux nageurs couvrent le lac. L’horizon est éblouissant de lumière. Les eaux, d’un azur céleste, profondément encaissées entre des roches brû-

  1. B. J., III, x, 8 ; Talm. de Babyl., Pesachim, 8 b ; Siphré, Vezoth habberaka.
  2. B. J., III, x, 7 ; Jacques de Vitri, dans le Gesta Dei per Francos, I, 1075.