Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

La trame du récit a été peu changée. Certaines expressions trop fortes sur l’esprit communiste, qui fut de l’essence du christianisme naissant, ont été adoucies. Parmi les personnes en relation avec Jésus, j’ai admis quelques personnes dont les noms ne figurent pas dans les Évangiles, mais qui nous sont connues par des témoignages dignes de foi. Ce qui concerne le nom de Pierre a été modifié ; j’ai aussi adopté une autre hypothèse sur Lévi, fils d’Alphée, et sur ses rapports avec l’apôtre Matthieu. Quant à Lazare, je me range maintenant, sans hésiter, au système ingénieux de Strauss, Baur, Zeller, Scholten, d’après lequel le bon pauvre de la parabole de Luc et le ressuscité de Jean sont un seul personnage. On verra comment je lui conserve néanmoins quelque réalité en le combinant avec Simon le Lépreux. J’adopte aussi l’hypothèse de M. Strauss sur divers discours prêtés à Jésus en ses derniers jours, et qui paraissent des citations d’écrits répandus au ier siècle. La discussion des textes sur la durée de la vie publique de Jésus a été ramenée à plus de précision. La topographie de Bethphagé et de Dalmanutha a été modifiée. La question du Golgotha a été reprise d’après les travaux de M. de Vogüé. Une personne très-versée dans l’histoire botanique m’a appris à distinguer, dans les vergers de Galilée, les arbres qui s’y trouvaient il y a dix-huit cents ans et ceux qui n’y ont été transplantés que depuis. On m’a aussi communiqué sur le breuvage des crucifiés quelques observations auxquelles j’ai donné place. En général, dans le récit des dernières heures de Jésus, j’ai atténué les tours de phrase qui pouvaient paraître trop historiques. C’est là que les explications favorites de M. Strauss trouvent le mieux à s’appliquer, les intentions dogmatiques et symboliques s’y laissant voir à chaque pas.

Je l’ai dit et je le répète : si l’on s’astreignait, en écrivant