Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/278

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se disputaient le plaisir de l’écouter et de le soigner tour à tour[1]. Elles apportaient dans la secte nouvelle un élément d’enthousiasme et de merveilleux, dont on saisit déjà l’importance. L’une d’elles, Marie de Magdala, qui a rendu si célèbre dans le monde le nom de sa pauvre bourgade, paraît avoir été une personne fort exaltée. Selon le langage du temps, elle avait été possédée de sept démons[2], c’est-à-dire qu’elle avait été affectée de maladies nerveuses en apparence inexplicables. Jésus, par sa beauté pure et douce, calma cette organisation troublée. La Magdaléenne lui fut fidèle jusqu’au Golgotha, et joua le surlendemain de sa mort un rôle de premier ordre ; car elle fut l’organe principal par lequel s’établit la foi à la résurrection, ainsi que nous le verrons plus tard. Jeanne, femme de Khouza, l’un des intendants d’Antipas, Susanne et d’autres restées inconnues le suivaient sans cesse et le servaient[3]. Quelques-unes étaient riches, et mettaient par leur fortune le jeune prophète en position de vivre sans exercer le métier qu’il avait professé jusqu’alors[4].

  1. Matth., xxvii, 55-56 ; Marc, xv, 40-41 ; Luc, viii, 2-3 ; xxiii, 49.
  2. Marc, xvi, 9 ; Luc, viii, 2. Cf. Tobie, iii, 8 ; vi, 14.
  3. Luc, viii, 3 ; xxiv, 10.
  4. Luc, viii, 3.