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CHAPITRE XI.


LE ROYAUME DE DIEU CONÇU COMME L’AVÉNEMENT DES PAUVRES.


Ces maximes, bonnes pour un pays où la vie se nourrit d’air et de jour, ce communisme délicat d’une troupe d’enfants de Dieu, vivant en confiance sur le sein de leur père, pouvaient convenir à une secte naïve, persuadée à chaque instant que son utopie allait se réaliser. Mais il est clair que de tels principes ne pouvaient rallier l’ensemble de la société. Jésus comprit bien vite, en effet, que le monde officiel ne se prêterait nullement à son royaume. Il en prit son parti avec une hardiesse extrême. Laissant là tout ce monde au cœur sec et aux étroits préjugés, il se tourna vers les simples. Une vaste substitution de race aura lieu. Le royaume de Dieu est fait : 1o pour les enfants et pour ceux qui leur ressemblent ; 2o pour les rebutés de ce monde, victimes de la morgue sociale, qui repousse l’homme bon mais humble ;