Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/345

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suiste, le sofer ou scribe, tout laïque qu’était ce dernier. Les hommes célèbres du Talmud ne sont pas des prêtres ; ce sont des savants selon les idées du temps. Le haut sacerdoce de Jérusalem tenait, il est vrai, un rang fort élevé dans la nation ; mais il n’était nullement à la tête du mouvement religieux. Le souverain pontife, dont la dignité avait déjà été avilie par Hérode[1] devenait de plus en plus un fonctionnaire romain[2], qu’on révoquait fréquemment pour rendre la charge profitable à plusieurs. Opposés aux pharisiens, zélateurs laïques très-exaltés, les prêtres étaient presque tous des sadducéens, c’est-à-dire des membres de cette aristocratie incrédule qui s’était formée autour du temple, vivait de l’autel, mais en voyait la vanité[3]. La caste sacerdotale s’était séparée à tel point du sentiment national et de la grande direction religieuse qui entraînait le peuple, que le nom de « sadducéen » (sadoki), qui désigna d’abord simplement un membre de la famille sacerdotale de Sadok, était devenu synonyme de « matérialiste » et d’ « épicurien ». Un élément plus mauvais encore était venu, de-

  1. Jos., Ant., XV, iii, 1, 3.
  2. Ibid., XVIII, ii.
  3. Act., iv, 1 et suiv. ; v, 17 ; xix, 14 ; Jos., Ant., XX, ix, 1 ; Pirké Aboth, 1, 10. Comp. Tosiphta Menachoth, ii.