Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/346

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puis le règne d’Hérode le Grand, corrompre le haut sacerdoce. Hérode s’étant pris d’amour pour Mariamne, fille d’un certain Simon, fils lui-même de Boëthus d’Alexandrie, et ayant voulu l’épouser (vers l’an 28 avant J.-C), ne vit d’autre moyen, pour anoblir son beau-père et l’élever jusqu’à lui, que de le faire grand prêtre. Cette famille intrigante resta maîtresse, presque sans interruption, du souverain pontificat pendant trente-cinq ans[1]. Étroitement alliée à la famille régnante, elle ne le perdit qu’après la déposition d’Archélaüs, et elle le recouvra (l’an 42 de notre ère) après qu’Hérode Agrippa eut refait pour quelque temps l’œuvre d’Hérode le Grand. Sous le nom de Boëthusim[2], se forma ainsi une nouvelle noblesse sacerdotale, très-mondaine, très-peu dévote, qui se fondit à peu près avec les sadokites. Les Boëthusim, dans le Talmud et les écrits rabbiniques, sont présentés comme des espèces de mécréants et toujours rapprochés des sadducéens[3]. De

  1. Jos., Ant., XV, ix, 3 ; XVII, vi, 4 ; xiii, 1 ; XVIII, i, 1 ; ii, 1 ; XIX, vi, 2 ; viii, 1.
  2. Ce nom ne se trouve que dans les documents juifs. Je pense que les « hérodiens » de l’Évangile sont les Boëthusim. L’article d’Épiphane (hær. xx) sur les hérodiens a peu de poids.
  3. Traité Aboth Nathan, 5 ; Soferim, iii, hal. 5 ; Mischna, Menachoth, x, 3 ; Talmud de Babylone, Schabbath, 118 a. Le nom des Boëthusim s’échange souvent dans les livres talmudiques