Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/354

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mandée par Jésus. Le baptême n’a pour lui qu’une importance secondaire[1] ; et quant à la prière, il ne règle rien, sinon qu’elle se fasse du cœur. Plusieurs, comme il arrive toujours, croyaient remplacer par la bonne volonté des âmes faibles le vrai amour du bien, et s’imaginaient conquérir le royaume du ciel en lui disant : Rabbi, rabbi ; il les repoussait, et proclamait que sa religion, c’est de bien faire[2]. Souvent il citait le passage d’Isaïe : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi[3]. »

Le sabbat était le point capital sur lequel s’élevait l’édifice des scrupules et des subtilités pharisaïques. Cette institution antique et excellente était devenue le prétexte de misérables disputes de casuistes et la source de mille croyances superstitieuses[4]. On croyait que la nature l’observait ; toutes les sources intermittentes passaient pour « sabbatiques[5] ». C’était aussi le point sur lequel Jésus se plaisait le plus à

  1. Matth., xxviii, 19, et Marc, xvi, 16, ne représentent pas des paroles authentiques de Jésus. Comp. Act., x, 47 ; I Cor., i, 17.
  2. Matth., vii, 21 ; Luc, vi, 46.
  3. Matth., xv, 8 ; Marc, vii, 6. Cf. Isaïe, xxix, 13.
  4. Voir surtout le traité Schabbath de la Mischna, et le Livre des Jubilés (traduit de l’éthiopien dans les Jahrbücher d’Ewald. années 2 et 3), c. l..
  5. Jos., B. J., VII, v, 1 ; Pline, H. N., XXXI, 18. Cf. Thomson, The Land and the Book, I, 406 et suiv.