Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/366

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venu ; c’est lui qui l’est[1]. Le royaume de Dieu va bientôt se révéler ; c’est par lui qu’il se révélera. Il sait bien qu’il sera victime de sa hardiesse ; mais le royaume de Dieu ne peut être conquis sans violence ; c’est par des crises et des déchirements qu’il doit s’établir[2]. Le Fils de l’homme, après sa mort, viendra avec gloire, accompagné de légions d’anges, et ceux qui l’auront repoussé seront confondus.

L’audace d’une telle conception ne doit pas nous surprendre. Jésus s’envisageait depuis longtemps avec Dieu sur le pied d’un fils avec son père. Ce qui chez d’autres serait un orgueil insupportable ne doit pas chez lui être traité d’attentat.

Le titre de « fils de David » fut le premier qu’il accepta[3], probablement sans tremper dans les fraudes innocentes par lesquelles on chercha à le lui assurer. La famille de David était, à ce qu’il semble, éteinte depuis longtemps[4] ; ni les Asmonéens, d’ori-

  1. Le progrès des affirmations de Jésus à cet égard se voit bien, si l’on compare Matth., xvi, 13 et suiv. ; Marc, i, 24, 25, 34 ; viii, 27 et suiv., xiv, 61 ; Luc, ix, 18 et suiv.
  2. Matth., xi, 12.
  3. Rom., i, 3 ; Apoc., v, 5 ; xxii, 16.
  4. Il est vrai que certains docteurs, tels que Hillel, Gamaliel, sont donnés comme étant de la race de David. Mais ce sont là des allégations très-douteuses. Cf. Talm. de Jér., Taanith, iv, 2. Si la famille de David formait encore un groupe distinct et ayant de la