Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/373

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doctrine[1]. L’accusation de se faire Dieu ou l’égal de Dieu est présentée, même dans le quatrième Évangile, comme une calomnie des Juifs[2]. Dans ce dernier Évangile, Jésus se déclare moindre que son Père[3]. Ailleurs, il avoue que le Père ne lui a pas tout révélé[4]. Il se croit plus qu’un homme ordinaire, mais séparé de Dieu par une distance infinie. Il est fils de Dieu ; mais tous les hommes le sont ou peuvent le devenir à des degrés divers[5]. Tous, chaque jour, doivent appeler Dieu leur père ; tous les ressuscités seront fils de Dieu[6]. La filiation divine était attribuée, dans l’Ancien Testament, à des êtres qu’on ne prétendait nullement égaler à Dieu[7]. Le mot « fils » a, dans les langues sémitiques et dans la langue du Nouveau

  1. Matth., iv, 10 ; vii, 21, 22 ; xix, 17 ; Marc, i, 44 ; iii, 12 ; x, 17, 18 ; Luc, xviii, 19.
  2. Jean, v, 18 et suiv. ; x, 33 et suiv.
  3. Jean, xiv, 28.
  4. Marc, xiii, 35.
  5. Matth., v, 9, 45 ; Luc, iii, 38 ; vi, 35 ; xx, 36 ; Jean, i, 12-13 ; x, 34-35. Comp. Act., xvii, 28-29 ; Rom., viii, 14-17, 19, 21, 23 ; ix, 26 ; II Cor., vi, 18 ; Galat., iii, 26 ; iv, 1 et suiv. ; Phil., ii, 15 ; épître de Barnabé, 14 (p. 10, Hilgenfeld, d’après le Codex Sinaïticus), et, dans l’Ancien Testament, Deutér., xiv, 1, et surtout Sagesse, ii, 13, 18.
  6. Luc, xx, 36.
  7. Gen., vi, 2 ; Job., i, 6 ; ii, 1 ; xxviii, 7 ; Ps. ii, 7 ; lxxxii, 6 ; II Sam., vii, 14.