Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/429

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maître, afin de donner une base à l’autorité collective par laquelle on chercha plus tard à remplacer la sienne. En tout cas, ce ne fut qu’après sa mort que l’on vit se constituer des Églises particulières, et encore cette première constitution se fit-elle purement et simplement sur le modèle des synagogues. Plusieurs personnages qui avaient beaucoup aimé Jésus et fondé sur lui de grandes espérances, comme Joseph d’Arimathie, Marie de Magdala, Nicodème, n’entrèrent pas, ce semble, dans ces Églises, et s’en tinrent au souvenir tendre ou respectueux qu’ils avaient gardé de lui.

Du reste, nulle trace, dans l’enseignement de Jésus, d’une morale appliquée ni d’un droit canonique tant soit peu défini. Une seule fois, sur le mariage, il se prononce avec netteté et défend le divorce[1]. Nulle théologie non plus, nul symbole. À peine quelques vues sur le Père, le Fils, l’Esprit[2], dont on tirera plus tard la Trinité et l’Incarnation, mais qui restaient encore à l’état d’images indéterminées. Les derniers livres du canon juif connaissent déjà le Saint-Esprit, sorte d’hypostase divine, quelquefois identifiée avec la Sagesse ou le

  1. Matth., xix, 3 et suiv.
  2. Matth., xxviii, 19. Comp. Matth., iii, 16-17 ; Jean, xv, 26.