Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/474

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sonne obligeante, bonne, empressée[1] ; l’autre, au contraire, nommée Marie, plaisait à Jésus par une sorte de langueur[2], et par ses instincts spéculatifs très-développés. Souvent, assise aux pieds de Jésus, elle oubliait à l’écouter les devoirs de la vie réelle. Sa sœur, alors, sur qui retombait tout le service, se plaignait doucement : « Marthe, Marthe, lui disait Jésus, tu te tourmentes et te soucies de beaucoup de choses ; or, une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, qui ne lui sera point enlevée[3]. » Un certain Simon le Lépreux, qui était le propriétaire de la maison, paraît avoir été le frère de Marie et de Marthe, ou du moins avoir fait partie de la famille[4].

  1. Luc, x, 38-42 ; Jean, xii, 2. Luc a l’air de placer la maison des deux sœurs sur la route entre la Galilée et Jérusalem. Mais la topographie de Luc depuis ix, 51, jusqu’à xviii, 31, est inconcevable, si on la prend à la lettre. Certains épisodes de cette partie du troisième Évangile paraissent se passer à Jérusalem ou aux environs.
  2. Jean, xi, 20.
  3. Luc, x, 38 et suiv.
  4. Matth., xxvi, 6 ; Marc, xiv, 3 ; Luc, vii, 40, 43 ; Jean, xi, 1 et suiv. ; xii, 1 et suiv. Le nom de Lazare, que le quatrième Évangile donne au frère de Marie et de Marthe, paraît venir de la parabole. Luc, xvi, 19 et suiv. (notez surtout les versets 30-31). L’épithète de « Lépreux » que portait Simon, et qui coïncide avec les « ulcères » de Luc, xvi, 20-21, peut avoir amené ce bizarre système du quatrième Évangile. La gaucherie du passage Jean, xi, 1-2, montre bien que Lazare a moins de corps dans la tradition que Marie et que Marthe.