Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/498

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

gardé le secret des traditions, vu se succéder beaucoup de fortunes plus jeunes que la sienne, et conservé assez de crédit pour faire déléguer le pouvoir à des personnes qui, selon la famille, lui étaient subordonnées, devait être un très-important personnage. Comme toute l’aristocratie du temple[1], il était sadducéen, « secte, dit Josèphe, particulièrement dure dans les jugements »[2]. Tous ses fils furent aussi d’ardents persécuteurs. L’un d’eux, nommé comme son père Hanan, fit lapider Jacques, frère du Seigneur, dans des circonstances qui ne sont pas sans analogie avec la mort de Jésus[3]. L’esprit de la famille était altier, audacieux, cruel[4] ; elle avait ce genre particulier de méchanceté dédaigneuse et sournoise qui caractérise la politique juive. Aussi est-ce sur Hanan et les siens que doit peser la responsabilité de tous les actes qui vont suivre. Ce fut Hanan (ou, si l’on veut, le parti qu’il représentait) qui tua Jésus. Hanan fut l’acteur principal dans ce drame terrible, et, bien plus que Caïphe, bien plus que Pilate, il aurait dû porter le poids des malédictions de l’humanité.

  1. Act., v, 17.
  2. Jos., Ant., XX, ix, 1. Comp. Megillath Taanith, ch. iv et le scoliaste ; Tosiphta Menachoth, ii.
  3. Jos., Ant., XX, ix, 1. Il n’y a pas de raisons suffisantes de douter de l’authenticité et de l’intégrité de ce passage.
  4. Ibid.