Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/506

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c’était là une vraie prodigalité. Le trésorier avide calcula tout de suite combien le parfum aurait pu être vendu et ce qu’il eût rapporté à la caisse des pauvres. Ce sentiment peu affectueux mécontenta Jésus : on semblait mettre quelque chose au-dessus de lui. Il aimait les honneurs, car les honneurs servaient à son but en établissant son titre de fils de David. Aussi, quand on lui parla de pauvres, il répondit assez vivement : « Vous aurez toujours des pauvres avec vous ; mais, moi, vous ne m’aurez pas toujours. » Et, s’exaltant, il promit l’immortalité à la femme qui, en ce moment critique, lui donnait un gage d’amour[1].

Le lendemain (dimanche, 9 de nisan), Jésus descendit de Béthanie à Jérusalem[2]. Quand, au détour de la route, sur le sommet du mont des Oliviers, il vit la cité se dérouler devant lui, il pleura, dit-on, sur elle, et lui adressa un dernier appel[3]. Sur le penchant de la montagne, près du faubourg, habité surtout par les prêtres, qu’on appelait Bethphagé[4],

  1. Matth., xxvi, 6 et suiv. ; Marc, xiv, 3 et suiv. ; Jean, xi, 2 ; xii, 2 et suiv. Comparez Luc, vii, 36 et suiv.
  2. Jean, xii, 12.
  3. Luc, xix, 41 et suiv.
  4. Matth., xxi, 1 ; Marc, xi, 1 (texte grec) : Luc, xix, 29 ; Mischna, Menachoth, xi, 2 ; Talm, de Bab., Sanhédrin, 14 b ;