Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/509

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voulurent voir Jésus. Ils s’adressèrent à ses disciples[1] ; on ne sait pas bien ce qui résulta de cette entrevue. Pour Jésus, selon sa coutume, il alla passer la nuit à son cher village de Béthanie[2]. Les trois jours suivants (lundi, mardi, mercredi), il descendit pareillement à Jérusalem ; après le coucher du soleil, il remontait soit à Béthanie, soit aux fermes de la côte occidentale du mont des Oliviers, où il avait beaucoup d’amis[3].

Une grande tristesse paraît, en ces dernières journées, avoir rempli l’âme, d’ordinaire si gaie et si sereine, de Jésus. Tous les récits sont d’accord pour lui prêter avant son arrestation un moment de trouble, une sorte d’agonie anticipée. Selon les uns, il se serait tout à coup écrié : « Mon âme est troublée. O Père, sauve-moi de cette heure[4] ! » On croyait qu’alors une voix du ciel se fit entendre ; d’autres disaient qu’un ange vint le consoler[5]. Selon une version très-répandue, le fait aurait eu lieu au

  1. Jean, xii, 20 et suiv.
  2. Matth., xxi, 17 ; Marc, xi, 11.
  3. Matth., xxi, 17-18 ; Marc, xi, 11-12, 19 ; Luc, xxi, 37-38.
  4. Jean, xii, 27 et suiv. On comprend que le ton exalté du quatrième évangéliste et sa préoccupation exclusive du rôle divin de Jésus aient effacé du récit les circonstances de faiblesse naturelle racontées par les synoptiques.
  5. Luc, xxii, 43 ; Jean, xii, 28-29.