Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/51

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tort de se tenir beaucoup trop sur le terrain théologique et trop peu sur le terrain historique[1], il est indispensable, pour se rendre compte des motifs qui m’ont guidé dans une foule de minuties, de suivre la discussion toujours judicieuse, quoique parfois un peu subtile, du livre si bien traduit par mon savant confrère M. Littré.

Je crois n’avoir négligé, en fait de témoignages anciens, aucune source d’informations. Cinq grandes collections d’écrits, sans parler d’une foule d’autres données éparses, nous restent sur Jésus et sur le temps où il vécut, ce sont : 1o les Évangiles et en général les écrits du Nouveau Testament ; 2o les compositions dites « Apocryphes de l’Ancien Testament » ; 3o les ouvrages de Philon ; 4o ceux de Josèphe ; 5o le Talmud. Les écrits de Philon ont l’inappréciable

    que depuis la première édition de l’ouvrage de M. Strauss. Le savant critique y a, du reste, fait droit dans ses éditions successives avec beaucoup de bonne foi.

  1. Il est à peine besoin de rappeler que pas un mot, dans le livre de M. Strauss, ne justifie l’étrange et absurde calomnie par laquelle on a tenté de décréditer auprès des personnes superficielles un livre commode, exact, spirituel et consciencieux, quoique gâté dans ses parties générales par un système exclusif. Non-seulement M. Strauss n’a jamais nié l’existence de Jésus, mais chaque page de son livre implique cette existence. Ce qui est vrai, c’est que M. Strauss suppose le caractère individuel de Jésus plus effacé pour nous qu’il ne l’est peut-être en réalité.