Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/521

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quatre formes[1] très-analogues entre elles. Le quatrième évangéliste, si préoccupé des idées eucharistiques[2], qui raconte le dernier repas avec tant de prolixité, qui y rattache tant de circonstances et tant de discours[3], ne connaît pas ce récit. C’est la preuve que, dans la secte dont il représente la tradition, on ne regardait pas l’institution de l’Eucharistie comme une particularité de la Cène. Pour le quatrième évangéliste, le rite de la Cène, c’est le lavement des pieds. Il est probable que, dans certaines familles chrétiennes primitives, ce dernier rite obtint une importance qu’il perdit depuis[4]. Sans doute Jésus, dans quelques circonstances, l’avait pratiqué pour donner à ses disciples une leçon d’humilité fraternelle. On le rapporta à la veille de sa mort, par suite de la tendance que l’on eut à grouper autour de la Cène toutes les grandes recommandations morales et rituelles de Jésus.

Un haut sentiment d’amour, de concorde, de charité, de déférence mutuelle animait, du reste, les souvenirs qu’on croyait garder du dernier soir de Jésus[5].

  1. Matth., xxvi, 26-28 ; Marc, xiv, 22-24 ; Luc, xxii, 19-21 ; I Cor., xi, 23-25.
  2. Ch. vi.
  3. Ch. xiii-xvii.
  4. Jean, xiii, 14-15. Cf. Matth., xx, 26 et suiv. ; Luc, xxii, 26 et suiv.
  5. Jean, xiii, 1 et suiv. Les discours placés par le quatrième