Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/522

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C’est toujours l’unité de son Église, constituée par lui ou par son esprit, qui est l’âme des symboles et des discours que la tradition chrétienne fit remonter à cette heure bénie : « Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés. Le signe auquel on connaîtra que vous êtes mes disciples, sera que vous vous aimiez les uns les autres[1]. » À ce moment sacré, quelques rivalités, quelques luttes de préséance se produisirent encore[2]. Jésus fit remarquer que, si lui, le maître, avait été au milieu de ses disciples comme leur serviteur, à plus forte raison devaient-ils se subordonner les uns aux autres. Selon quelques-uns, en buvant le vin, il aurait dit : « Je ne goûterai plus de ce fruit de la vigne jusqu’à ce que je le boive nouveau avec vous dans le royaume de mon Père[3]. » Selon d’autres, il leur aurait pro-

    évangéliste à la suite du récit de la Cène ne peuvent être pris pour historiques. Ils sont pleins de tours et d’expressions qui ne sont pas dans le style des discours de Jésus, et qui, au contraire, rentrent très-bien dans le langage habituel des écrits johanniques. Ainsi l’expression « petits enfants » au vocatif (Jean, xiii, 33) est très-fréquente dans la première épître qui porte le nom de Jean. Cette expression ne paraît pas avoir été familière à Jésus.

  1. Jean, xiii, 33-35 ; xv, 12-17.
  2. Luc, xxii, 24-27. Cf. Jean, xiii, 4 et suiv.
  3. Matth., xxvi, 29 ; Marc, xiv, 25 ; Luc, xxii, 18.