Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/523

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mis bientôt un festin céleste, où ils seraient assis sur des trônes à ses côtés[1].

Il semble que, vers la fin de la soirée, les pressentiments de Jésus gagnèrent les disciples. Tous sentirent qu’un grave danger menaçait le maître et qu’on touchait à une crise. Un moment Jésus songea à quelques précautions et parla d’épées. Il y en avait deux dans la compagnie. « C’est assez, » dit-il[2]. Il ne donna aucune suite à cette idée ; il vit bien que de timides provinciaux ne tiendraient pas devant la force armée des grands pouvoirs de Jérusalem. Céphas, plein de cœur et se croyant sûr de lui-même, jura qu’il irait avec lui en prison et à la mort. Jésus, avec sa finesse ordinaire, lui exprima quelques doutes. Selon une tradition qui remontait probablement à Pierre lui-même, Jésus l’assigna au chant du coq[3]. Tous, comme Céphas, jurèrent qu’ils ne faibliraient pas.

  1. Luc, xxii, 29-30.
  2. Ibid., xxii, 36-38.
  3. Matth., xxvi, 31 et suiv. ; Marc, xiv, 29 et suiv. ; Luc, xxii, 33 et suiv. ; Jean, xiii, 36 et suiv.