Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/559

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par les mains dont il n’avait pas su faire bon usage, et de le laisser pourrir sur le bois. L’organisation délicate de Jésus le préserva de cette lente agonie. Une soif brûlante, l’une des tortures du crucifiement[1] comme de tous les supplices qui entraînent une hémorragie abondante, le dévorait. Il demanda à boire. Il y avait près de là un vase plein de la boisson ordinaire des soldats romains, mélange de vinaigre et d’eau, appelé posca. Les soldats devaient porter avec eux leur posca dans toutes les expéditions[2], au nombre desquelles une exécution était comptée. Un soldat trempa une éponge[3] dans ce breuvage, la mit au bout d’un roseau, et la porta aux lèvres de Jésus, qui la suça[4]. On s’imagine en Orient que le fait de donner à boire aux crucifiés et aux empalés accélère la mort[5] : plusieurs crurent que Jésus

  1. Voir le texte arabe publié par Kosegarten, Chrest. arab., p. 64, et la Revue germ., endroit précité.
  2. Spartien, Vie d’Adrien, 10 ; Vulcatius Gallicanus, Vie d’Avidius Cassius, 5.
  3. Probablement la petite éponge qui servait à fermer le goulot du vase où était la posca.
  4. Matth., xxvii, 48 ; Marc, xv, 36 ; Luc, xxiii, 36 ; Jean, xix, 28-30.
  5. Voir Nicolas de Lire, In Matth., xxvii, 34, et in Joh., xix, 29, et les récits du supplice de l’assassin de Kleber. Comp. Revue germ., endroit cité.