Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/56

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trième livre d’Esdras, tout le monde est à peu près d’accord aujourd’hui pour rapporter cette apocalypse à l’an 97 après J.-C. Elle a été altérée par les chrétiens. L’Apocalypse de Baruch[1] a beaucoup de ressemblance avec celle d’Esdras ; on y retrouve, comme dans le livre d’Hénoch, quelques-unes des paroles prêtées à Jésus[2]. Quant au livre de Daniel, le caractère des deux langues dans lesquelles il est écrit ; l’usage de mots grecs ; l’annonce claire, déterminée, datée, d’événements qui vont jusqu’au temps d’Antiochus Épiphane ; les fausses images qui y sont tracées de la vieille Babylonie ; la couleur générale du livre, qui ne rappelle en rien les écrits de la captivité, qui répond, au contraire, par une foule d’analogies aux croyances, aux mœurs, au tour d’imagination de l’époque des Séleucides ; la forme apocalyptique des visions ; la place du livre dans le canon hébreu hors de la série des prophètes ; l’omission de Daniel dans les panégyriques du chapitre xlix de l’Ecclésiastique, où son rang était comme indiqué ; bien d’autres preuves qui ont été cent fois déduites, ne permettent pas de douter

  1. Elle vient d’être publiée en traduction latine d’après un original syriaque par M. Ceriani, Anecdota sacra et profana, tom. I, fasc. II (Milan, 1866).
  2. Voir ci-dessus, p. xlii-xliii, notes 3 et 4.