Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/563

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

accueillit leur demande ; des ordres furent donnés pour qu’on hâtât la mort des trois condamnés, et qu’on les détachât de la croix. Les soldats s’acquittèrent de cette commission en appliquant aux deux voleurs un second supplice, bien plus prompt que celui de la croix, le crurifragium, brisement des jambes[1], supplice ordinaire des esclaves et des prisonniers de guerre. Quant à Jésus, ils le trouvèrent mort, et ne jugèrent pas à propos de lui casser les jambes[2]. Un d’entre eux, seulement, pour enlever toute incertitude sur le décès réel de ce troisième crucifié, et l’achever s’il lui restait quelque souffle, lui perça le côté d’un coup de lance[3]. On crut voir couler du sang et de l’eau[4], ce qu’on regarda comme un signe de la cessation de vie.

  1. Il n’y a pas d’autre exemple du crurifragium appliqué à la suite du crucifiement. Mais souvent, pour abréger les tortures du patient, on lui donnait un coup de grâce. Voir le passage d’Ibn-Hischâm, traduit dans la Zeitschrift für die Kunde des Morgenlandes, I, p. 99-100.
  2. Peut-être est-ce là une invention a priori pour assimiler Jésus à l’agneau pascal (Exode, xii, 46 ; Nombres, ix, 12).
  3. Cette circonstance peut avoir été imaginée pour répondre à Zacharie, xii, 10. Comp. Jean, xix, 37 ; Apoc., i, 7.
  4. Ici encore, on peut suspecter un symbolisme a priori. Comp. Ire épître de Jean, v, 6 et suiv. ; Apollinaris, dans la Chronique pascale, p. 7.