Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/605

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cupent notre auteur moins que les synoptiques, et produisent chez lui moins de récits fabuleux. En d’autres termes, nous arrivons déjà, en ce qui concerne le quatrième Évangile, à la distinction du fond narratif et du fond doctrinal. Le premier se montre à nous comme pouvant être supérieur en certains points à celui des synoptiques ; mais le second est à une grande distance des vrais discours de Jésus, tels que les synoptiques et surtout Matthieu nous les ont conservés.

Une circonstance aussi nous frappe dès à présent. L’auteur veut que les deux premiers disciples de Jésus aient été André et un autre disciple. André gagne ensuite Pierre, son frère, lequel se trouve ainsi rejeté un peu dans l’ombre. Le second disciple n’est pas nommé. Mais, en comparant ce passage à d’autres que nous rencontrerons plus tard, on est amené à croire que ce disciple innomé n’est autre que l’auteur de l’Évangile, ou du moins celui que l’on veut faire passer pour l’auteur. Dans les derniers chapitres du livre, en effet, nous verrons le narrateur parler de lui-même avec un certain mystère, et, chose frappante, affecter encore de se mettre avant Pierre, tout en reconnaissant la supériorité hiérarchique de ce dernier. Remarquons aussi que, dans les synoptiques, la vocation de Jean est rattachée de très-près à celle de Pierre ; que, dans les Actes, Jean figure habituellement, comme compagnon de Pierre. Une double difficulté s’offre donc à nous. Car, si le disciple innomé est vraiment Jean, fils de Zébédée, on est amené à penser que Jean, fils de Zébédée, est l’auteur de notre Évangile ; supposer qu’un faussaire, voulant faire croire que l’auteur est

    tifs. Anne, fille de Phanuel, le vieillard Siméon, Zachée sont aussi des personnages douteux.