Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/72

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que les tendances dogmatiques du quatrième Évangile devaient merveilleusement convenir à Justin.

Il en faut dire autant des homélies pseudo-clémentines. Les paroles de Jésus citées par ce livre sont du type synoptique. En deux ou trois endroits[1], il y a, ce semble, des emprunts faits au quatrième Évangile. Mais certainement l’auteur des Homélies n’accorde pas à cet Évangile une autorité apostolique, puisqu’il se met sur plusieurs points en flagrante contradiction avec lui. Il paraît que Marcion (vers 140) ne connaissait pas non plus ledit Évangile ou ne lui attribuait aucune valeur comme livre révélé[2] ; cet Évangile répondait si bien à ses idées que sans doute, s’il l’avait connu, il l’eût adopté avec empressement, et ne se fût pas cru obligé, pour avoir un Évangile idéal, de se faire une édition corrigée de l’Évangile de Luc. Enfin les Évangiles apo-

  1. Hom. iii, 52 ; xi, 26 ; xix, 22. Il est remarquable que les citations que Justin et l’auteur des Homélies paraissent faire du quatrième Évangile coïncident en partie entre elles et présentent les mêmes écarts du texte canonique. (Comp. aux passages précités Justin, Apol. I, 22, 61 ; Dial. cum Tryph., 69.) On pourrait être tenté de conclure de là que Justin et l’auteur des Homélies consultèrent non le quatrième Évangile, mais une source à laquelle l’auteur du quatrième Évangile aurait puisé.
  2. Les passages de Tertullien, De carne Christi, 3 ; Adv. Marc., IV, 3, 5, ne prouvent pas contre ce que nous disons.